La danse Butô, par Brittni Zotos

Dans une conférence proposée par Françoise Jasmin et le Vassar-Wesleyan Program à Paris le Jeudi 10 Mars 2011, nous avons échangé autour de la danse Butô, de son origine et de la notion d’Avant-Garde.
Quelles sont les origines de cette danse ? Françoise explique que le Butô aurait pu naître partout, il existait avant mais il a été mis en lumière au Japon, dans le contexte d’Hiroshima. Ses deux fondateurs pionniers sont
Kazuo Ohno et Tatsumi Hijikata. Le Butô se développe dans la reconstruction, la revalorisation de la personne et un retour au bon sens, ce n’est pas un style de danse mais une vision de la vie. Lorsque l’on danse le Butô, on s’adonne au mouvement libre pour revenir à un état ​​d’esprit sincère et constructif. En comparaison il y a d’autres danses qui sont fondées sur un mouvement plus artificiel. Dans ces genres de danse qui utilisent la notion de chorégraphie dans son sens le plus rigide, le mouvement libre, c’est à dire le mouvement sincère est limité.  Françoise a introduit le terme « El duende », lequel décrit la force et le talent qu’il y a dans chacun d’entre nous et auxquels la danse Butô fait appel. Nous avons discuté un peu du lien entre la danse Butô et le Flamenco, qui permet aussi de mieux comprendre la notion du « El Duende ». Lorsque l’on danse le Butô, on s’engage dans une expression naturelle qui n’est pas forcée car elle est issue d’un mouvement d’adaptation. Ce type de mouvement montre et fait prendre conscience de la puissance du corps, c’est le vrai mouvement qui permet de retrouver une estime de soi, une mise en valeur et une reconnaissance de soi. Souvent, les gens se définissent par les métiers. Mais la position professionnelle n’est pas ce qui construit la personne. Ce qui construit la personne c’est l’esprit, l’état d’esprit. On peut découvrir ou redécouvrir cet état de bon sens lorsqu’on danse le Butô. Donc, ce faisant, la Danse butô améliore nécessairement les relations humaines qui ne se construisent que sur la base de la reconnaissance de soi et des autres. Dans les entreprises, la danse Butô serait un moment fondamental pour améliorer les relations humaines, l’engagement et l’esprit entrepreneurial car elle amène un état d’esprit naturel, humble et la perception de soi et des autres. De plus, prendre en compte le corps, élément fondamental de toute vie humaine, de toute acceptation de soi, est indispensable.  Nous sommes dans une société qui développe le mental mais le corps qui est laissé de côté ou mal pris en compte, voire souvent blessé, se manifeste tôt ou tard et pas toujours de la bonne façon. Nous avons mis en lien ce concept de la danse Butô cité précédemment en mettant en lumière le fait que la Danse Butô est avant gardiste dans le sens où, elle est en avance sur son temps par le simple fait qu’elle rappelle les évidences, propose un retour au bon sens en mettant de côté ce qui est prôné aujourd’hui, c’est à dire l’innovation à tout va, sans sens, en faisant appel à des situations crues, imaginaires ou fantasques, voire technologiques, en mettant de côté les fondements de la nature humaine et la nécessité que l’artiste a de participer à l’évolution des mentalités.
Bien sûr, nous pouvons dire que le Butô a été inspiré par des mouvements avant-gardistes occidentaux mais il semblerait plutôt que ces derniers aient été des exemples qui ont mis en lumière le bon sens universel et autorisé les personnes qui étaient dans le même état d’esprit à aller jusqu’au bout de leur Art.
Françoise Jasmin, dans sa démarche, prône un retour aux vrais fondements de cette danse qui a parfois perdu de son essence au profit d’un esthétisme artificiel.

Texte : Brittni Zotos, Françoise Jasmin, Aurélie Pras

Photo : Human Dance

Note : Brittni Zotos, étudiante du VWPP, effectue un stage de communication à l’école de danse Human Dance. C’est dans le cadre de ce stage qu’elle a organisé la conférence de Françoise Jasmin à Reid Hall.