« La Puce à l’Oreille », par Alice Maggio

Notre premier vendredi à Paris, Kayla et moi avons eu la chance—un peu mitigée par l’attraction de tous les « happy hours » qui attirent les foules le vendredi—d’aller au théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet pour voir une pièce de Georges Feydeau : « La Puce à l’Oreille. »  Nous fûmes surprises de trouver nos places dans le troisième rang du théâtre.  La pièce a commencé—à la manière classique de Feydeau—par les soupçons de Madame Chandebise vis-à-vis de la fidélité de son mari, qui en vérité n’a qu’une grande peur de l’échec au lit.  Mme Chandebise et sa meilleure copine, Mme Homenidès de Histangua, tendent un piège qui est sûr d’attraper un mari infidèle.  Et après ça, la folie règne.

Nous avons eu beaucoup de fous rires, en particulier pendant les deuxième et troisième parties.  Et bien après la pièce, dans la rue, nous étions encore saisies par des fous rires en racontant les phrases rigolotes dont nous pouvions nous rappeler.  La pièce est bien physique, mais l’histoire est aussi assez compliquée, donc le rire vint aussi de notre bonheur de pouvoir comprendre la langue et les blagues.  C’est très satisfaisant de comprendre une pièce en français !

J’ai aimé beaucoup la mise en scène dans l’ensemble.  Le décor était futé, dans la tradition de Feydeau, avec des murs qui se transformaient d’un décor à l’autre.  Les changements de décors eux-mêmes étaient drôles parce que tous les acteurs aidaient, et dansaient, fumaient, flirtaient, et chantaient en même temps.  Vraiment, les acteurs ont bien travaillé durant toute la pièce : ils ont couru, hurlé, et M. Chandebise a même jouaient deux personnages !

Ma seule réticence fut la représentation des étrangers dans la pièce.  Moi-même, je ne suis pas la extrême au niveau de la « political correctness », mais les représentations m’ont un peu gênées.  L’espagnol, M. Homenidès de Histangua, était très drôle, avec un accent hilarant complètement absurde, mais malheureusement il avait toujours le bout du nez blanc à cause d’une poudre qui ressemblait mystérieusement à de la cocaïne.  Et l’Anglais aussi—un personnage absolument dégoûtant—était personnifié par des stéréotypes.  Ce qui m’a énervé, c’est que ces petits détails n’apportaient rien à la pièce, sauf des blagues faciles, alors que la pièce et les acteurs étaient déjà très drôles à la base.