Auteur de l’article : Chris « Christophe » Gortmaker
L’Opéra Bastille est une voussure massive d’argent et d’acier, un bâtiment racé et moderne, à l’image de son interprétation de Don Giovanni de Mozart. Le mardi soir, nous y étions.
Ancrée dans le présent, la pièce a incorporé la débauche du playboy le plus mal famé de l’opéra au monde de 50 Shades of Grey. Sur scène on contemplait un hall d’entrée caverneux, probablement situé dans un immeuble de bureaux huppés. Wall Street ? Pourquoi pas ?
Don Giovanni portait un costume moderne. Ses mots étaient fuyants et sa richesse séduisante ; les femmes étaient sa proie. La scène, souvent sombre, était éclairée par des grattes-ciel lointains brillant par la grande fenêtre centrale, seule source de lumière. Il y avait des performances vocales géantes. L’orchestre était une merveille, son chef un élégant fou se débattant. Les sous-titres en français et en anglais tenaient tout le monde au courant (est-ce qu’un Italien pourrait comprendre ces solos astronomiques ?). Cet opéra aborde les thèmes de classe sociale, de violence, du sexe et du sexe violent, qui n’ont perdu aucune de leur puissance dans le cadre moderne de la pièce. En fait, ils résonnaient fortement, avec une nouvelle signification. On peut facilement imaginer Don Giovanni comme un jet-setter de nos jours, qui rôde dans les métropoles avec de l’argent, de l’alcool et un appétit pour les conquêtes sexuelles. Quelle horreur ! Heureusement, le prolétariat (portant des masques – inspirés de Mickey Mouse, de clowns cauchemardesques ou encore du Cri) a jeté ce mec détestable par une fenêtre, sans cesser de chanter.